Topologie différentielle

10.3 Théorème de Lefschetz

Le théorème 10.1 et la proposition 10.8 entraînent aussi, par un calcul à peine plus élaboré que celui qui précède, la formule de point fixe de Lefschetz. Soit une variété orientée compacte sans bord. Soit une application de dans et son graphe : . Les points fixes de correspondent aux intersections de et de la diagonale . Puisque et , ces intersections sont transversales si et seulement si, pour chaque point fixe , n'admet pas comme valeur propre (ce qui est bien la version infinitésimale de « les points fixes de sont isolés »). On dit que ces points fixes sont non dégénérés. Ils forment alors une sous-variété compacte de dimension zéro, donc un ensemble fini. La contribution d'un tel point fixe au nombre d'intersection est égale au signe de . En effet, il est positif si et seulement si, pour toute base directe de , la base de est positive. En recombinant les vecteurs de cette base sans changer l'orientation on arrive à la base qui est positive si et seulement si préserve l'orientation.

On appelle indice du point fixe de et on note ce nombre d'intersection local en .

Comme toute sous-variété suffisamment -proche de est encore le graphe d'une application de dans , le théorème de transversalité de Thom (théorème 4.9) montre que toute application est limite (en topologie pour tout ) d'applications dont les points fixes sont non dégénérés.

Théorème 10.9
Soit une variété orientée compacte sans bord. Soit une application de dans et soit son graphe.
En particulier, si les points fixes de sont non dégénérés alors

On note que le membre de droite ne dépend que de la classe d'homotopie de . La caractérisation cohomologie de la caractéristique d'Euler correspond au cas particulier . Le résultat général ci-dessus, dont la démonstration est une variante facile de la démonstration dans le cas , est appelé théorème de point fixe de Lefschetz car il assure l'existence de points fixes dans de nombreuses situations. Par exemple, si est homotope à l'identité, on obtient au moins un point fixe si est non nul. Si en plus les points fixes de sont non dégénérés (ce qui nécessite au pire de perturber un peu ) alors le théorème assure que a au moins points fixes. L'exemple des rotations du tore montre qu'on ne peut pas espérer de point fixe automatique si .